Dimanche 18 juin 2017. Nous devions être 11 et finalement, oh! bonne surprise nous avons vu arriver 8 personnes supplémentaires. Nous étions donc au total 19 dont 6 enfants qui s’en sont donné à cœur joie pendant la visite.
Soit en observant les cochons, soit en dénichant les nids (pas trop conseillé!), soit en mâchant du blé (bio bien sûr) après avoir « dégrumé » les grains, (enlevé l’enveloppe du grain), soit en ramassant les œufs.
Donc Nicole, la mère, que nous connaissons bien car c’est elle qui fait les livraisons, nous a accueillis vers 10h30 et nous a dirigés vers la ferme de Guillaume, le fils, qui nous attendait de pied ferme.
Guillaume a repris l’exploitation de ses parents, après un bac pro et un BTS gestion et il a décidé de se convertir au bio car l’agriculture conventionnelle ne lui convenait pas car il était dans une logique de protection de l’environnement contrairement à ses voisins qui le regardaient d’un mauvais œil pensant qu’il ne résisterait pas! Il est passé en bio en 2007. Pour cela il a obtenu des aides et continue à en percevoir pour le maintien en bio, ce qui est un petit plus par rapport à l’agriculture conventionnelle.
Pour Guillaume c’est plus facile de travailler en bio: il sème, il récolte. Les rendements sont moindres qu’en agriculture traditionnelle mais les dépenses sont moindres aussi et il a la satisfaction de faire un travail « propre » et d’obtenir de bons produits. Il est plus heureux ainsi. Il pratique des prix raisonnables pour conserver sa clientèle mais il sait que le prix n’est pas le seul critère de fidélité: ses produits bons et sains lui permettent de toucher une clientèle demandeuse.
Il dit que dans l’échelle bio « il vaut mieux avoir un petit chez soi qu’un grand chez les autres ». C’est-à-dire qu’il préfère faire de la qualité que de tomber dans la production industrielle, bio soit-elle.
Il a bien pensé développer son entreprise mais, c’est plus de personnel, plus de contraintes, plus de contrôles et… plus d’heures, pour un revenu équivalent.
Il cultive par rotation, en associant des espèces qui se protègent les unes les autres.
Il cultive donc de la luzerne, du tournesol, du maïs, des féverolles, de l’orge, du blé, du triticale (hybride entre blé et seigle) et de la prairie. Ce sont des variétés anciennes adaptées au bio. Il fait sa farine lui-même.
Ses récoltes sont presque exclusivement réservées à la nourriture des cochons. Le surplus est vendu dans les circuits bio. Il vend aussi de la paille (bio) (2 euros la botte), et du foin (4 euros).
Il fabrique aussi de l’huile de tournesol et de colza en coopération avec un agriculteur en retraite.
Venons-en aux cochons car on est venu un peu pour ça !
Guillaume nous a fait entrer dans l’étable ou plutôt la porcherie. Les cochons sont élevés en plein air habituellement mais Guillaume ayant eu un accident de travail (fracture ouverte du pouce) qui l’a arrêté pendant 3 mois, ils sont pour l’instant élevés dans la porcherie car il est plus facile pour lui de les surveiller près de chez lui que dans les champs. Mais ils vont bientôt être remis en liberté. Nous les avions vus lors d’une première visite courir (les petits) dans les fossés et les gros se rouler dans la boue ce qui évite les parasites et donc les traitements.
Un porcher l’aide à mi-temps.
Les cochons sont environ une centaine répartis en 4 ou 5 âges.
Les cochons sont de race Piétrain et Landrace. Ils sont tués à 8 mois contre 5 mois en circuit traditionnel.
En général on leur coupe la queue pour éviter les morsures (pas de queue en tire-bouchon donc!).
Les mâles sont castrés pour éviter le goût trop fort de la viande. On garde les femelles pour renouveler le cheptel. Elles sont inséminées pour éviter la consanguinité.
Les petits sont séparés de leur mère à 42 jours (27 en circuit traditionnel).
Les porcs sont des animaux angoissés qui ne supportent pas bien les changements ; une couleur de chemise différente du porcher ou du maître suffit à les affoler. Ils nous ont paru pourtant bien calmes et plutôt curieux de notre visite.
L’étable accueille de nombreuses hirondelles qui mangent les insectes. Elles sont apparues après le passage en bio (il y aurait une relation de cause à effet ?!!).
Les cochons sont donc nourris d’un mélange de céréales bio cultivées à la ferme; l’alimentation est automatisée pour gain de temps et côté pratique.
Les cochons ne sont pas labellisés bio pour une question de coût de label et d’insuffisance de garanties du label AB. Guillaume est en train de réfléchir à un label AB+.
Cependant la façon dont sont élevés les cochons (espace, prophylaxie naturelle, produits vétérinaires en situation extrême, et bien sûr nourriture contrôlée, exclusivement bio) assure une certitude quant à la qualité des produits.
La viande est vendue sur les marchés de Rochecorbon, Château Renault, Tours lors du marché gourmand boulevard Béranger et bien sûr à l’AMAP de la Choisille (seule AMAP cliente). On peut aussi acheter ses produits directement à la ferme. Certains restaurants se fournissent aussi directement chez eux : les Chandelles gourmandes, le QG…
L’abattage des bêtes se fait à l’abattoir de Vendôme, abattoir indépendant, encore en service!
La viande est exploitée sur place dans un laboratoire que Nicole nous a fait visiter ; un charcutier vient découper la viande et fabriquer la charcuterie. Les rillettes sont cuites 24 heures au chaudron (encore autorisé). Les recettes sont celles de la ferme que le charcutier applique à la lettre.
Les autres activités de la ferme :
La famille Subileau a le label « Bienvenue à la ferme ». Elle accueille les camping caristes de France Passion ce qui ne leur rapporte rien sinon un contact humain toujours intéressant et la possibilité de vendre quelques produits.
Dans la ferme il y a aussi des poules élevées en plein air avec céréales maison, pour consommation personnelle et quelques clients habitués.
Guillaume pense peut-être développer un jour cette activité en annexe mais pour une clientèle restreinte.
Ils élèvent aussi des moutons en petite quantité et vendent les agneaux deux fois par an à 12 euros le kilo par colis de 10 kg (un demi agneau). Il faut voir si quelqu’un est intéressé en commande exceptionnelle.
La visite très intéressante nous a révélé un Guillaume passionné par ce qu’il fait, une vie bien remplie qui ne laisse pas place à beaucoup de distractions ni à une vie privée intense.
Guillaume a pris ses dernières vacances en 2009.
Les parents de Guillaume sont extrêmement dévoués. Ils ont consacré toute leur vie à la ferme et continuent à aider leur fils. Ils sont à la ferme depuis cinquante ans et ont fêté leurs 51 ans de mariage le… dimanche 18 juin.
Nous avons terminé la visite par un apéritif offert par la maison (soupe tourangelle : vin pétillant + cointreau, qui serait d’ailleurs plutôt la soupe angevine), accompagné de toasts au boudin noir, et de saucisson à l’ail (excellent).
Puis nous avons partagé nos différents mets sans doute tous préparés avec des produits de l’AMAP bien sûr ! dans une salle qui sert de relais de chasse, bien à l’abri de la chaleur.
Jojo, de son prénom Georges, le père, nous avait rejoint et nous avons apprécié son contact accueillant et souriant ; sa santé ne lui permet pas pour l’instant d’aider intensément à la ferme.
Nous pouvons remercier bien sincèrement la famille Subileau pour sa qualité de travail, son esprit sain (peut-être un peu saint aussi), son dévouement.
Nous continuerons à apprécier d’autant plus les colis de viande et charcuterie.